Ses œuvres

(reconnues ou possibles)

 

 

Peu de choses à « se mettre sous les yeux », comme pour une pléiade d'artistes contemporains. Plusieurs raisons expliquent ces silences : l'époque n'était pas à signer ses œuvres, l'iconoclasme protestant a détruit nombre d'œuvres d'art dans les églises et cathédrales, les révolutionnaires ont fait le reste sans oublier le désir de "modernité" du clergé du XIXe siècle qui fit disparaître bien des chefs-d'œuvre.

Ses œuvres (réelles ou supposées) d’enlumineur, de peintre, de portraitiste, de dessinateur (croquis, plans d’architecture, lettrines, vitrail, tapisseries…) seront exposées ci-dessous dans l’ordre chronologique retenu.

Quelles œuvres lui attribuer ? Depuis fort longtemps, critiques et historiens de l'art lui attribuent ou lui retirent telle ou telle œuvre.

 

Des œuvres qui font l’unanimité chez les critiques 

 

Les portraits présumés de Charles VIII et Anne de Bretagne, peints vers 1490-1494 a tempera sur des aies de bois de 23 x 14,5 cm glissées dans les pages d’un manuscrit conservé à la BnF, Ms. fr. 1190.

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« On a voulu reconnaître le double portrait de Charles VIII et d'Anne de Bretagne dans un petit diptyque de la BnF (ms. lat. 1190 ; cf. Limousin, 1954), mais il ne s'agit pas du couple royal, et l'attribution de l'œuvre à Perréal est incontestable. » (Alexandra Zvereva)

Alexandra Zvereva, « Maintes belles ymages de grandz & petis personnages » : quels portraits pour quels cabinets ?, Revue de l'art, n° 204, 2019, p. 23 à 31.

https://shs.cairn.info/revue-de-l-art-2019-2-page-23?lang=fr

A la demande de Charles VIII, Jean Perréal renouvelle les portraits du couple royal, fait vers 1495-1496 de nombreux portraits des favoris et des fidèles du roi. Mais il n'en reste apparemment que deux, ceux de Louis de Luxembourg, comte de Ligny et Philibert de La Platrière, seigneur des Bordes, dit Bourdillon (Chantilly, inv. PD 397 et 398).

Deux dessins de mêmes dimensions, de même composition et de même technique : préparation blanche, ébauche à la pierre noire, puis pointe d'argent. Les légendes "le feu mr bourdillon" et "le conte de lingny" ne sont inscrites que sous Louis XII.

 

― Le portrait de Louis de Luxembourg, comte de Ligny. 

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dessin à la pointe d'argent, pierre noire, sanguine, rehauts d'or
vers 1494-1495, 20,1 x 13,7 cm
autrefois attribué à Lucas de Leyde, Chantilly, musée Condé.

« Au XVIe siècle, l’engouement figuratif pour le portrait est lié au grand succès, du crayon sur papier, de la sanguine, du crayon noir et de la mine de plomb, techniques dans lesquelles Perréal se révèle être l’un des plus grands experts de son temps, au point d’éveiller la curiosité du grand Léonard. »

Luisa Nieddu, "La riscoperta seicentesca di Jean Perréal", dans "Leonardo nel Seicento: fortuna del pittore e del trattatista", Actes du Colloque, Rome, Museo di Roma, Palazzo Braschi, 22 novembre 2019, sous la dir. de Carmelo Occhipinti, collection Horti Hesperidum presse universitaire Rome II Tor Vergata, 2019, 2, p. 119-136.
https://www.horti-hesperidum.com/hh/wp-content/uploads/2021/04/07.NIEDDU-da-Frontespizio-Leonardo-Nel-Seicento-Impaginato-10.04.2021.pdf

cf. aussi : Luisa Nieddu, "L'Art du portrait dans l'œuvre de Jean Perréal et ses liens avec le Nord", dans "Arts et artistes du Nord à la cour de François Ier", Actes du Colloque, Bruxelles, Institut royal du Patrimoine artistique, 25-26 février 2016, Bruxelles, éd. Picard, 2017, p. 163–176.

 

― Le portrait de Philibert II de la Platière, seigneur des Bordes dit Bourdillon, avec la devise : " IATENS-LEVRE " : " J'attends l'heure".

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dessin à la pointe d'argent, pierre noire, sanguine, rehauts d'or
vers 1494-1495, 20 x 13 cm,
attribué à Jean Perréal par Etienne Jollet
(in Jean et François Clouet, Lagune, 1997)
autrefois attribué à Lucas de Leyde
Chantilly, musée Condé.

http://www.famillebourdillon.fr/biographie%20segineur%20des%20bordes.htm

 

― Les portraits d’un homme et d’une femme du Louvre : portent au revers des inscriptions anciennes que l’on date du XVIIIe s. et qui mentionnent les noms des personnages : Pierre Marin de la Chesnaye, conseiller au Parlement, et Jeanne Besse et la date de 1493 (date du tableau ou de l'entrée en fonction au Parlement ?)

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peinture à l'huile sur bois, 24 x 18 cm.
acquis en 1993 par le musée du Louvre.
Ces deux panneaux étaient autrefois montés en diptyque à charnières.

 

― Le portrait d’un homme inconnu les mains jointes (BNF, Ms. Lat. 1363).

Lyon, v. 1490-1500

Première miniature au folio 22 en face d’une Annonciation d’un petit manuscrit contenant les Heures à l'usage de Rome et 12 autres miniatures illustrant la Bible.

https://lh5.googleusercontent.com/Mv-uXccoSHLwgODezCNSCCje85hDcr3-NY3C6dSTMNxrJUSseet_G3uZ2V8FBpSv9fYfxspOF0ecEvHbJAWeF1lBnWrO8uB_2fbExjLsiZ0v1GL1NID3ZH69u_bo9pmaiPGVWWu9609-CBuArCnmtF1s39wq7P1qSIZcdMnmGReTQ0HFUxvTxQ=w1280

Paris, Bibliothèque nationale de France, Lat. 1363, fol. 23

« Il semble que les autres miniatures ne soient pas de Perréal. » (Katia Levy)

Commanditaire et/ou possesseur : Bellecombe
Armes aux f. 23, 92v et 122 : de gueules, à la fasce d'argent chargée de trois fleurs de lis d'azur, accompagnée en chef d'un lion issant d'or, et en pointe d'un écot en pal de même. (ordinairement Bellecombe porte une fasce d'or)
Leroquais, I, 174. Catalogue général, I, p. 512. Manuscript illumination in Lyons, n° 32 (biblio)
https://sites.google.com/site/heuresbookofhours/b

 

― Les croquis à la plume qui se trouvent au dos des comptes pour l’entrée de la reine Anne de Bretagne à Lyon en 1500, conservés à la bibliothèque de l’École de Médecine de Montpellier. Ils présentent une tête de femme, une tête d’homme et celle d’un lion.

 

" Jean Perréal, auteur, selon nous, du beau frontispice aux armes royales peint au début d'un traité du héraut Berry destiné à Louis XII (Paris, BN, Fr. 5873). François Avril, Les Manuscrits à peintures en France - 1440-1520, BN et Flammarion, 1993, p. 311.

― Les patrons de sculpture du tombeau des ducs de Bretagne, placé dans la cathédrale de Nantes.

Vers 1502, Anne de Bretagne demande à Perréal de faire les patrons pour le tombeau de ses parents François II et Marguerite de Foix. Pendant cinq ans, Perréal et Michel Colombe travaillent à ce projet.

― Le portrait de Pierre Sala

miniature (13 x 10 cm)
conservée dans le manuscrit Ms. Stowe 955, à la British Library,
écrit par Sala lui-même et intitulé aujourd’hui Emblesmes et Devises d’amour.
Sa datation est comprise entre 1500 et 1515.

 

— en 1507, Louis XII demande par lettre, depuis l'Italie qu'on lui envoie une chanson de Févin avec un portrait par Jean Perréal, pour montrer aux dames de ce pays que rien ne peut en égaler l'art.

― La miniature (18,1 x 13,4 cm) qui ornait le manuscrit de la Complainte de la Nature à l’alchimiste errant, conservée au Musée Marmottan, (Ms 3220) à Paris et datée de 1516. Le manuscrit est conservé à la Bibliothèque Sainte Geneviève à Paris.

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― Le portrait de Jean Le Veneur.

Nicole Reynaud lui "restitue" un dessin non daté (pierre noire et sanguine) conservé au musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg représentant Jean Le Veneur (1490-1535), seigneur de Tillières, capitaine de Vire et bailli de Rouen.

Irina Novoselskaya, Le dessin francais des XV et XVI siècles dans les collections du musée de l'Ermitage, 2004 (en russe). http://zapasslov.ru/product_info.php?products_id=2408

 

― Le portrait de Monsieur de Bellefourière. 

Résultat de recherche d'images pour 'Monsieur de Bellefourière (Metropolitan Museum of Art,'

huile sur bois (46.7 x 33.3 cm), daté de 1521
attribué à Perréal
par Huillet d’Istria, Goldblatt et Sterling
New York, Metropolitan Museum of Art

http://metmuseum.org/art/collection/search/436338

 

― Le dessin pour la gravure du livre Champ fleury de Geoffroy Tory, au folio 46 verso. Tory écrit que le dessin de cette gravure lui a été donné par Jean Perréal. Elle renvoie explicitement à l’Homme vitruvien dessiné par Léonard de Vinci entre 1485 et 1490. « Il est possible que Perréal ait vu ce dessin dans l’atelier de Léonard, ou que le maître italien le lui ait montré en France. Cependant, une telle image se retrouve aussi dans certains traités alchimiques, dont les illustrations dérivent elles aussi de Vitruve. » (Tania Lévy)

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Dessins des petits I et K du Champ Fleury
ou Champfleury de Geofroy Tory

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http://www.bvh.univ-tours.fr/Consult/index.asp?numfiche=649&numtable=B410186201_I65

http://www.bvh.univ-tours.fr/Consult/consult.asp?numtable=B410186201_I65&numfiche

=649&mode=1&index=112&ecran=0

http://www.bvh.univ-tours.fr/Consult/somimg.asp?numtable=B410186201_

I65&mode=3&ecran=0&numfiche=649#

Nous savons peu de chose des graveurs de poinçons qui aidèrent les libraires, les éditeurs et les imprimeurs de Paris à obtenir de "très beaux caractères ronds & parfaits" dont parle La Caille et qu'employa Badius pour relever en France "l'art de l'Imprimerie qui commençait à décliner et à tomber dans le gothique". Geoffroy Tory, de Bourges, régent de l'Université, humaniste, dessinateur et graveur, dirigea tous les détails de l'impression de son livre Champ Fleury, " auquel est contenu l'art & science de la deue et vraye proportion des lettres attiques et vulgairement Lettres Romaines, proportionnées selon le corps & le visage humain". Avec la collaboration de Jean Perréal qui lui avait appris le dessin, il y a réuni nombre de belles lettres ornées et de décorations typographiques.

 

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DE le I, toutes les autres lettres, comme j'ay dit, prenent & ont comancemant a estre faictes & escriptes.

C'est ascavoir, ou en estant garde en sa droitte ligne, ou en estant reflecte & courbe, ou en estant brise. Et luy seul entre toutes les lettres garde sa droicte ligne perpendiculaire, a l'imitation du corps humain, qui luy estant sus ses pieds tout droit la represente. En luy ouvrant les bras & jambes peu ou plus monstre la ditte briseure, comme il peut estre facilement entendu en la sequente figure que j'ay faicte apres celle que ung myen seigneur & bon amy Jehan Perreal, autrement dict Jehan de Paris. Varlet de chambre & excellent Paintre des Roys, Charles huitiesme, Loys douziesme, & Francois Premier de ce nom, m'a comuniquee & baillee moult bien pourtraicte de sa main.

Commencé en 1523, le Champ fleury ne fut achevé, en 1529, qu’après six ans de labeur, et on n’en est pas surpris quand on considère le grand nombre de gravures (plus de 500) qu’il contient. »

Charles Cabillaud, « Les gloires berrichonnes : Geofroy Tory, de Bourges, Peintre et Graveur, Premier Imprimeur Royal, Réformateur de l’Orthographe et de la Typographie sous François Ier », La Revue du Centre, 1930, p. 11. https://archives.nievre.fr/media/9f204208-ea02-43b8-8994-67dfa4606bb5.pdf

Centre d'Études Supérieures de la Renaissance, Tours.

http://xtf.bvh.univ-tours.fr/xtf/view?docId=tei/B410186201_I65/B410186201_I65_tei.xml;doc.view=notice

 

 

 

Plusieurs autres œuvres, attribuées à Perréal,

très controversées

 

— Albert Châtelet lui accorde les gravures dans l'édition des comédies de Térence publiée par Jean Trechsel en 1493 (Bibliothèque Nationale de France), des Vigiles du roi Charles VII imprimées par Claude Dayne en 1496 et celles des Quatre Fils Aymon imprimées par Jean de Vingle en 1497.

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Scène de l'Andrienne de Térence - 1493 - BnF - Ye 384, f.7 

― La miniature frontispice d’un manuscrit des Statuts de l’Ordre de Saint Michel

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représentant Charles VIII et l’archange saint Michel entourés de divers personnages
vers 1493 ; 18 × 15 cm
BnF, Ms.fr. 14363, f.1.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_VIII_(roi_de_France)

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copie pour Pierre II de Bourbon, peint à l'extrême droite
v. 1495, miniature sur parchemin - BnF - fr. 14363 f.1

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_VIII_(roi_de_France)

– Paul Durrieu pense que le livre a été commandé par Charles VIII et il attribue la miniature-frontispice à Jean Perréal (Un chef-d'œuvre de la miniature française sous Charles VIII, Paris, in-4°)

– Albert Châtelet attribue la miniature à Jean Prévost.

– René de Maulde de la Clavière pense que ce manuscrit fut offert à Charles VIII par le duc Pierre II de Bourbon, " le plus grand seigneur de France ", qui en fut le commanditaire auprès de Jean Perréal ; cadeau pour marquer la fin de la régence de 1494 à 1495 et le retour du roi qui guerroyait en Italie.

Selon lui, l'artiste, avec " son humour habituel ", a figuré derrière le roi deux personnages qui se ressemblent, " dans une pose de familiarité " : Pierre de Bourbon " dédoublé ". 

René de Maulde de la Clavière note que Jean Perréal, en disgrâce vers 1495, aurait pu entrer à nouveau en faveur auprès du roi qui le prend à son service en 1496 : " …cette œuvre où l'artiste avait mis toute son âme, et nous croyons trouver ici la clef de la faveur soudaine qui officiellement porta Perréal au premier rang. " (p. 81)

Ce manuscrit contient aussi une dédicace en vers adressée au roi. Jean Perréal l'aurait-il écrite ?

Dans ce même manuscrit Ms.fr. 14363, on trouve au folio 7, un dessin à la plume : deux têtes d’homme, l’une de profil, l’autre de trois quarts, tournée vers la gauche.

 

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" Nous n'en parlerions si, au-dessous, à côté l'A initial du texte, nous ne trouvions encore une de ces plaisanteries qui semblent éclore tout naturellement, dès qu'on prononce le nom de Perréal. Il a esquissé, à la plume, deux têtes d'un même individu, en profil et en trois-quarts. Quel est cet individu ? Avec un peu d'imagination, on pourrait se figurer que c'est Perréal lui-même, mais nous n'irons pas jusqu'à là. " (Durrieu, p. 83)

« Durrieu évoque ce dessin et pense qu’il pourrait s’agir d’une œuvre de Perréal représentant Léonard de Vinci, mais il reste prudent quant à cette attribution. Pour les deux auteurs, la tête de droite, de trois quarts donc, serait celle de Léonard de Vinci et celle de gauche, mais de façon beaucoup moins certaine, celle de Perréal qui se serait représenté en face du grand maître italien. » (Tania Lévy)

Né en 1550, Jean Perréal aurait 45 ans en 1495 ; né en 1460, 35 ans. L'âge du personnage correspond-il ?

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Statuts_de_l%27ordre_de_Saint-Michel_-_BNF_Fr14363_f6r_(Saint_Michel_combattant_le_dragon).jpg

http://www.wikiwand.com/fr/Ma%C3%AEtre_de_Jacques_de_Besan%C3%A7on

 

— les miniatures de la Bible Oglethorpe (Oxford)

― Le portrait de l’homme à la canne, conservé à la National Gallery de Washington.

https://www.nga.gov/artworks/50220-knight-golden-fleece

Le site du musée l’attribue à Jean Perréal et donne : “A Knight of the Golden Fleece » - Un Chevalier de la Toison d'Or – v. 1495, huile sur bois de noyer, 68 x 54 cm.

Le nom du modèle est inconnu, mais il peut être identifié comme un membre de la noblesse par la toison attachée à la chaîne d'or autour de son cou. C'est l'insigne de l'Ordre de la Toison d'Or, l'ordre chevaleresque fondé en 1430 par Philippe le Bon, duc de Bourgogne. La pose du modèle suggère que ce portrait appartenait à une paire qui comprenait le portrait de son épouse.

― Le portrait d’unjeune homme.  

 

Portrait d'un jeune homme, v. 1495
huile sur bois, 27 x 20,3 cm
Metropolitan Museum of Art

 

Maurice Henry Goldblatt, Deux grands maitres français : Le Maitre de Moulins, identifié ; Jean Perréal, 40 portraits identifiés, Paris, Braun & Cie, 1961.

LIEN

 

Vierge à l’enfant entre deux donateurs. Ce tableau (71 x 55 cm) fut attribué à Perréal par Etienne Bancel qui l'a offert au Louvre en 1884.

http://dame-licorne.pagesperso-orange.fr/IMAGES/perreal%208.jpg

Il est désormais attribué au Maître de 1499, un peintre flamand actif à Bruges et à Gand à la fin du XVe siècle.

http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=24153&langue=fr

 

― Le dessin de la médaille pour l’entrée d’Anne de Bretagne à Lyon en 1499.

https://www.tapisseries-damelicorne-huntunicorn.com/Images/medaille%20anne%20louis%20lyon.jpg

 

― La fresque des Arts Libéraux de la cathédrale du Puy, vers 1500. Entre autres attributions à découvrir sur l'un des sites suivants, Louis Gillet a attribué cette fresque au Maître de Moulins ; Louis Hourticq et Madeleine Huillet d'Istria à Jean Perréal en trouvant des ressemblances entre les visages des Arts Libéraux et certains portraits de notre artiste.

L'architecte Aymon Mallay, chargé de la restauration de la cathédrale du Puy-en-Velay, avait réservé à Prosper Mérimée (toujours lui quand il s'agit de sauver une œuvre d'art !) le privilège de procéder lui-même au décapage de la muraille le 23 septembre 1850 afin de découvrir les peintures recouvertes par un épais badigeon.

« On n’avait point encore remarqué que les visages des disciples, vigoureux et individualisés, représentent, en réalité, masqués sous leurs surnoms antiques, des personnages contemporains de l’auteur de la fresque, que j’ai tenté d’identifier. En effet, on peut reconnaître d’abord Érasme aux pieds de la Grammaire ; puis, vraisemblablement, le comte de Ligny auprès de la Logique. Le troisième disciple est selon toute probabilité le chanoine Odin du chapitre de la cathédrale ; le quatrième, assis aux pieds de la Musique ressemble fort au célèbre musicien Josquin des Prés. »

« Le fait nouveau que leur auteur a peint la fresque du Puy
— œuvre française des plus importantes de l’époque — montre qu’il faut y voir la main d’un très grand artiste, par conséquent de Perréal lui-même ; et d’autant plus sûrement que la fresque du Puy se rattachait déjà par son style au style de Perréal tel que l’a révélé l’analyse du tombeau de Nantes, comme cela a été démontré plus haut. »

Madeleine Huillet d'Istria, « Jean Perréal », Gazette des beaux-arts, 1949, p. 329-344.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5377454p/f356.item.r=PERREAL

 

Sont représentées : la Grammaire (avec Priscien), la Logique (avec Aristote), la Rhétorique (avec Cicéron) et la Musique (avec Tubal). Cette peinture est incomplète car elle comprenait très certainement les Sept Arts (avec la Géométrie, l'Arithmétique, et l'Astronomie).

La Musique est représentée par une femme tenant un positif. Près d'elle, certains pensent reconnaître Josquin Desprez qui, un marteau dans chaque main, frappe sur une enclume : allusion à Pythagore et à sa théorie des rapports entre les sons, échafaudée en écoutant les bruits produits par le choc de marteaux de différents poids sur l'enclume d'un forgeron.

Le rapport de Prosper Mérimée est à lire sur le site suivant :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1958_num_102_2_10880?_Prescripts_Search_tabs1=advanced&


L'ouvrage suivant est aussi à consulter : Annie Regond, La peinture murale du XVIe siècle dans la région Auvergne, thèse.

Une nouvelle étude d’Alejandro Cely-Velasquez, publiée en 2020, attribue cette fresque au peintre espagnol du XVe siècle Pedro Berruguete : Alejandro Cely Velasquez, Bernard Jollivet, Pierre Présumey, Les Arts libéraux du Puy-en-Velay, éditions Hauteur d'Homme, 2021.

https://www.academia.edu/45070646/Les_Arts_lib%C3%A9raux_du_Puy_en_Velay_une_%C5%93uvre_de_Pedro_Berruguete_

 

― Le dessin du vitrail de l’homme en prière, peut-être Louis XII.

Vitrail (peinture sur verre - 1500-1510
Baltimore, Walters Art Gallery

Dans un article de 1982, Barbara Hochsteteler Meyer confirme cette attribution, vers 1499-1504, en comparaison notamment avec la miniature de Louis XII et ses courtisans du manuscrit de la Géographie de Ptolémée conservé à la Bibliothèque Nationale.

« Le portrait de Louis XII de France est très proche d'autres portraits du roi et des figures de son tombeau à Saint-Denis. Il est tout à fait concevable que Jean Perréal ait conçu le vitrail, le tombeau et ses figures de priants et de transis. »

Barbara Hochstetler Meyer, « Jean Perreal and Portraits of Louis XII », Journal of the Walters Art Gallery, 40, 1982, p. 41-56.

 

— des peintures sur verre dans l'église des Carmélites à Tours.

― Le reliquaire du cœur (cardiotaphe) d’Anne de Bretagne, au musée Dobrée de Nantes, exécuté par un orfèvre anonyme de la cour de Blois et peut-être dessiné par Jean Perréal (l'absence de poinçon et d'archives rendant cette attribution hypothétique).

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89crin_du_c%C5%93ur_d%27Anne_de_Bretagne

Jacques Santrot, Les doubles funérailles d'Anne de Bretagne. Le corps et le cœur (janvier-mars 1514), Droz, 2017.

 

http://www.tapisseries-damelicorne-huntunicorn.com/IMAGES/anne%20de%20bretagne%2010.jpg

Miniature d'un manuscrit
des Funérailles d'Anne de Bretagne
Chapelle ardente pour le cœur d'Anne de Bretagne

dans l'église des Carmes de Nantes, v.1515
BNF, ms. fr. 5094, folio 51v

 

fol. 69r

Commemoracion et advertissement de la mort de trescrestienne, treshaulte et tresexcellante princesse, ma tresredoubtée et souveraine dame madame Anne, deux foyzroyne de France, duchesse de Bretaigne, texte de Pierre Choque.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b525241947/f145.item

 

fol. 52r

Relation de la mort et des funérailles de la reine Anne de Bretagne, faite par Pierre Choque

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b55009804m/f113.item

 

« Jean Perréal, qui présida à la conception générale et « artistique » du décor des funérailles réginales, était présent à Blois en janvier 1514, affairé à la fabrication de la feinte et des regalia funéraires : il commanda les bijoux nécessaires aux orfèvres suivant la cour […] Même si rien ne permet de l’établir aujourd’hui, on doit supposer qu’il a dessiné ou, au moins, inspiré la conception et coordonné la réalisation du coffret du cœur de la reine, une boîte alors sans exemple et jamais reproduite pour d’autres funérailles de cœur royal ou princier. » (p. 214-215)

« Aussi peut-on raisonnablement attribuer à Jean Perréal le dessin, et à Pierre Mangot et Geoffroy Jaquet, la réalisation du coffret d’or émaillé du cœur de la reine, entre le 9 et le 16 janvier 1514. » (p. 219)

« L’ovale irrégulier du vaisseau [réalisé par Geoffroy Jaquet selon l’auteur] reprend celui des armoiries semées d’hermines du socle du monument funéraire de François II et de Marguerite de Foix, dessiné par Jean Perréal. » (note 26, p. 198)

Au sujet d’une seconde relation des funérailles, Le Trespas de l’Hermine regretee, qui « reprend fidèlement certains passages de la Commemoracion de Bretagne » et « lui est donc postérieur », « n’est illustré que par six peintures, mais de grande qualité, désormais attribuées à Jean Pichore et non plus à Perréal. » (p. 304-305)

En 1514, Jean Perréal est cité ainsi : « Jehan de Paris, varlet de chambre du roy et de ladicte dame, qui moult ovra a la conduicte de ladicte dame » (p. 346)

Didier Le Fur, dans son livre Anne de Bretagne, miroir d'une reine, historiographie d'un mythe (éd. Guénégaud, 2000) signale que « parallèlement au manuscrit de Pierre Choque [ouvrage commandé par Louis XII relatant ces obsèques], existe un second récit intitulé Le trespas de l'hermine regrettée. C'est un texte anonyme dont nous ne connaissons que deux exemplaires ... Il est accompagné de six miniatures, pleine page, de fort belle facture, attribuées à Jean Perréal qui fut le metteur en scène des funérailles. Il s'agit très probablement d'un texte concurrent au premier. » Voici l'une de ces miniatures : présentation du corps de la reine défunte dans la salle d'honneur du château de Blois (Petit-Palais, ms.665).

Récit des funérailles d'Anne de Bretagne, par Pierre Choque, dit Bretaigne, son héraut d'armes. Manuscrit, BNF, fr. 23936 et édition de Lucien Merlet et Max de Gombert, Récit des funérailles d'Anne de Bretagne : précédé d'une complainte sur la mort de cette princesse, Paris, Aubry, 1858.

https://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc47811b

« Le cœur d’une reine. Les funérailles d’Anne de Bretagne », Exposition événement présentée au Château royal de Blois du 15 mars au 6 avril 2014

http://cour-de-france.fr/IMG/pdf/presentation_detaillee.pdf

Girault, Pierre-Gilles, Le trépas de l'hermine regrettée : un récit des funérailles d'Anne de Bretagne enluminé par Jean Pichore, Faton, 2014.

http://www.petitpalais.paris.fr/sites/default/files/pp-ldut00665.pdf

 

― Le portrait d'une dame anglaise, daté de1514, Londres, National Portrait Gallery.

https://www.tapisseries-damelicorne-huntunicorn.com/IMAGES/jp6.jpg

On peut reconnaître Margaret Tudor, reine d’Écosse, fille d’Elizabeth d’York et d’Henry VII, d'après le tableau dans le style de Bernard van Orley.

Mary Croom Brown le propose dans son livre Mary Tudor, Queen of France, Methuen & Company, 1911, p. 231. 

― Le portrait de Louis XII, de Windsor Castle, vers 1514, « le plus beau de tous les portraits de ce roi », huile sur bois, documenté dans les collections d’Henry VIII dès 1543.

 

Jean Perréal,   Louis XII, vers 1514
huile sur bois, 31,8 x 23,8 cm
Windsor Castle, Berkshire The Royal Collection

 

― Les portraits de Charles VIII

d’après Jean Perréal - XVIe siècle
huile sur panneau, 40 x 32 cm
musée de l’Histoire de France, château de Versailles

 

 

autre version d’après Jean Perréal
début 16e siècle
huile sur bois, 36,5 x 27 cm
Chantilly, musée Condé
Copie ancienne, sans doute du 16e siècle, d'un tableau de Jean Perréal
dont on connaît plusieurs versions (collection particulière et Versailles)

 

« Charles VIII est pour sa part le modèle d’un portrait à la pierre noire et à la sanguine, dessiné par Perréal (Saint-Pétersbourg, musée de l’Ermitage, inv. 2856), qui pourrait constituer la matrice du présent tableau. 

Nous reconnaissons ici la mise en page de l’artiste lyonnais : disposition du visage de trois quarts, structuré par l’arête du nez et modelé par les ombres et les lumières, regard fixe. Perréal conserva ce dispositif pour le portrait de Louis XII (Windsor, The Royal Collection, RCIN 403431). »

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Charles_VIII_de_france.jpg

 

— Portrait de Louis XII

http://www.tapisseries-damelicorne-huntunicorn.com/IMAGES/Louis%20XII%20perreal.jpg

Gouache sur vélin, d : 4 cm. Welbeck Abbey, The Portland Collection.
Dans Lyon Renaissance : Arts et Humanisme, dir. Ludmila Virassamynaïken, Coédition musée des Beaux-Arts de Lyon / Somogy éditions d'Art, 2015, p. 148.

 

— Miniature intitulée Louis XII en prière dans sa chapelle avec deux de ses courtisans du manuscrit de la Géographie de Ptolémée (BnF, Ms. lat. 4804, vers 1500).

http://www.tapisseries-damelicorne-huntunicorn.com/IMAGES/Louis%20XII%205.jpghttp://www.tapisseries-damelicorne-huntunicorn.com/IMAGES/Louis%20XII%204.jpg

Le manuscrit est passé ensuite entre les mains de Louis XII, et le portrait de Louis de Bruges a été adapté pour le roi de France par Jean Perréal.

http://www.tapisseries-damelicorne-huntunicorn.com/IMAGES/louis%20XII%207.jpg

Les armes du premier commanditaire ont été aussi recouvertes par les armes royales. Intégré dans la Librairie royale de Blois sous Louis XII, avec l’ensemble des manuscrits de Louis de Bruges, ce volume y portait une reliure de velours bleu (inventaires de 1518 n° 697-698 et de 1544 n° 1122). Il a été transféré dans la Bibliothèque royale de Fontainebleau en 1544 avec l’ensemble des collections royales.

http://expositions.bnf.fr/fouquet/grand/ch9.htm

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b60007804/f12.item

 

― Les portraits de Mary Tudor, reine de France

Jean Perréal connaissait bien Mary Tudor, cinquième enfant d'Elizabeth d'York et d'Henry VII, née en mars 1496. Son mariage par procuration avec Louis XII a lieu à Greenwich le 13 août 1514.

Au nom de Louis XII, Jean de Sains, seigneur de Marigny, a apporté de France deux coffrets d’orfèvrerie, d’argenterie et de bijoux. L’un de ces bijoux est le Miroir de Naples évalué à 60 000 couronnes par un joaillier de Londres. C’est un diamant avec une perle en pendentif, rapporté de Naples avec tant d’autres trésors par Charles VIII, appelé miroir car sa taille lui dessine une grande « table » supérieure et des biseaux étroits.

Jean Perréal arrive en Angleterre avec Jean de Sains pour « saisir Mary au vif » et l’aider à préparer un trousseau selon la mode française Il apporte avec lui un petit portrait de Louis XII représenté en buste. Il porte le collier de l’ordre de Saint-Michel et l’image de saint Denis en enseigne sur sa coiffe, marques qui affirment son autorité pleine et entière sur le royaume de France et contrent les prétentions des rois anglais au trône de France.

 

Portrait de Louis XII, " le plus beau de tous les portraits de ce roi ",
huile sur bois (vers 1514) qu'Henry VIII possédait dès 1542 (Windsor Castle)
Est-ce l'original de la main même de Perréal ou une copie ?

Nicole Hochner le décrit ainsi :

« Ce portrait mi-corps très réaliste fut sans doute exécuté dans le cadre des négociations diplomatiques entre Henri VIII et Louis XII en 1514. Il est donc de petit format. Le cadrage est étroit, le fond sombre, l’absence d’expression faciale et le regard lointain privent le spectateur de tout échange avec le personnage, celui-ci ne regarde que Dieu. Ses mains jointes au coin gauche inférieur de la toile indiquent une posture en prières. Son identité n’est révélée que par le collier et la richesse du costume ; Louis ne porte pas de couronne, ni aucun autre insigne de la royauté. Son profil révélé par les monnaies commémoratives ne nécessite pas de lourd appareil symbolique, et l’aspect impassible et minimaliste est volontaire : la paupière tombante, le sourcil légèrement froncé et fixant l’infini, il fait de Louis XII un modèle de ferveur religieuse. La lumière vient de Dieu et se focalise sur l’enseigne du chapeau à motifs religieux. Veuf et mis en échec par les grandes puissances européennes, Louis XII se présente à Marie Tudor en orant. »

Nicole Hochner, Louis XII : les dérèglements de l'image royale : (1498-1515), Champ Vallon, 2006, p. 148-149.

 

Mary Tudor Brandon 

Le portrait de la National Portrait Gallery attribué à artiste anonyme français est peut-être le premier des portraits de Mary.

Jean Perréal, peintre officiel, pourrait l’avoir croqué rapidement car l’impatience de Louis XII exige la rapidité de l’exécution à Londres et de l’envoi à Paris. Plus tard, il sera temps de peindre, à Londres ou à Paris, fortement inspiré du premier, un portrait sur bois exposé au musée des Arts Décoratifs de Paris.

Sept portraits de Mary sont conservés dans des recueils, à Aix-en-Provence (Bibliothèque Méjanes), Chantilly, Lille, Paris (Louvre), Florence (Offices), Knowsley Hall en Angleterre (album Pierre Mariette-Horace Walpole) et Oxford (Ashmolean Museum). L’original de Jean Perréal est-il l’un d’eux ?

1 . D’après Jean Perréal, Mary Tudor, Florence, musée des Offices, Cabinet des Dessins et Estampes, inv. 3911 F. Dessin reproduit dans Epistola consolatoria de morte Ludovica XII, regis Francorum… de Joanne Benedicto Moncetto de Castellione, Paris, 1515.

http://www.tudorplace.com.ar/images/Tudor,Marysketch.jpg

 

Le recueil d’Aix, malgré la mention de l’année 1515 inscrite dans son titre, ne peut avoir été composé qu’après avril 1525, date de la mort de Charles IV d’Alençon, époux de Marguerite d’Angoulême représentée dans ce recueil en habits de veuve, et avant janvier 1527 car elle y est nommée « Madame la duchesse », n’étant pas encore remariée avec Henri II d’Albret, roi de Navarre. C’est certainement son statut d’ancienne reine de France qui permet à Mary de figurer dans ce recueil formé par Louise de Savoie, ce qui signifie clairement que cette dernière n’a rien à reprocher à Mary quant à son comportement. Le dessin original de Jean Perréal pour le recueil d’Aix est noté comme « perdu » dans un livre consacré à Louise de Savoie.

A. Zvereva, « Louise de Savoie et les recueils de portraits au crayon », dans Louise de Savoie (1476- 1531), p. 193. P. Brioist, L. Fagnard et C. Michon (dir.), Presses universitaires de Rennes et François- Rabelais de Tours, 2015.

Après le remariage de François Ier avec Éléonore d’Autriche, les recueils recopiés sont « mis à jour » entre 1535 et 1540 mais le rassemblement original est perdu. Alexandra Zvereva pense que le roi lui-même a dû établir la liste des portraits avec l’aide de Jean Clouet pour ajouter un portrait d’Éléonore et de ses suivantes, tout en conservant la moitié des anciens dessins dont Françoise de Châteaubriant et Mary.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k30499225/f281.item

 

 

 

La Royne Marie
portrait daté de 1525-1526 attribué à Jean Clouet, dans un recueil de divers portraits crayonnés, conservé à la Bibliothèque Méjanes,
Ms 0442 (Rés. Ms 20)

Alexandra Zvereva attribue l’original de 1515 perdu à Jean Perréal.

 

According to Jean Perréal, Mary Tudor Brandon Florence, Uffizi, Cabinet of Drawings and Prints, inv. 3911 F. 

According to Jean Perréal, Mary Tudor Brandon 
Florence, Uffizi, Cabinet of Drawings and Prints, inv. 3911 F. 

https://tudorsdynasty.com/secret-marriage-mary-charles/ 

https://es.wikipedia.org/wiki/Archivo:La_Royne_Marie_(Mary_Tudor).png 

 

La Royne Marie, portrait daté de 1525-1526, attribué à Jean Clouet, dans un recueil de divers portraits crayonnés conservé à la Bibliothèque Méjanes d’Aix-en-Provence, fol. 25. Alexandra Zvereva attribue l’original de 1515 perdu à Jean Perréal.

 

— Mary Tudor : original de Jean Perréal perdu, 1515 

F° 25 La Royne Marie / pleus fole que Reyne dans recueil d’Aix et 27 (3911 F) dans recueil Médicis.

Que faut-il lire dans l’annotation à gauche ? « Pleus sale que Royne » comme Walter Richardson, Maria Perry et Erin Sadlack, dans le sens d’une moralité condamnable avec pour explication son comportement prétendu manquant de sérieux, voire « licencieux », pendant son veuvage et/ou son « vol » du Miroir de Naples envoyé à son frère ?

Ou « Pleus fole que Royne », comme Etienne-Antoine Rouard (1863), Étienne Moreau-Nélaton (1924), Alexandra Zvereva, Elizabeth Armstrong et Aurélie Bosc , indiquant par ces mots que sa volonté d’épouser un parvenu devenu duc plutôt qu’un souverain régnant fait d’elle une femme déraisonnable, insensée ou une jeune femme sotte ? À moins que sale signifie troublée ou triste, ce qu’elle a été pendant la plus grande partie de sa présence en France.

Aurélie Bosc, directrice adjointe numérique, patrimoine écrit et archives municipales de la bibliothèque Méjanes, lit fale : « aucun doute sur le F et le A. L'interprétation de "fole" me semble la plus plausible […] Il me semble que les o et les a, s'ils sont pourtant calligraphiés de manière bien différente, sont parfois employés les uns pour les autres ». E.-A. Rouard souligne que l'orthographe utilisée dans le recueil est souvent hasardeuse.

 

Anonyme français,  La Royne Marie
(dessin inclus dans l'album Fontelle), fin 1514 ?
Oxford, Ashmolean Museum
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/ec/MaryTudorQueenFrance.jpg

 

Mary Tudor, vers 1514
huile sur bois, 29 x 21,5 cm
Paris, Musée des Arts Décoratifs
Nouveau carton de présentation en août 2015 :
Maître de la reine Marie Tudor, France ? Flandres ?
Legs comtesse de Valencia de Don Juan 1918
Attribué auparavant à Jean Perréal

 

La princesse Mary Tudor
1514 ? anonyme français
(attribué à Jean Perréal
ou copie d’après un portrait de Jean Perréal)
Londres, National Portrait Gallery

 

Le portrait de mariage

Jan Gossaert, 1515 ?
d’après un original de Jean Perréal ?
Portrait de mariage de Mary Tudor et Charles Brandon
Brocklesby Park, Lincolnshire

 

Ce portrait date-t-il de 1515 ou est-il plus tardif ? Où a-t-il été peint, en France avant le départ du couple ou après leur retour en Angleterre ? Deux tableaux de ce double portrait existent actuellement. L’original est-il parmi eux ou est-il perdu ? L’un, de la collection du comte de Yarborough, est conservé à Brocklesby Hall dans le Lincolnshire 4. Un quatrain, combinant deux textiles, le plus riche (la soie) et le plus commun (la ratine), est inscrit à sa base en lettres d’or :

http://tudorfaces.blogspot.fr/2013/07/the-brandon-wedding-portrait-some-new.html

Ce quatrain supposé avoir été composé par Charles, serait une allusion à son union comportant un précepte approprié pour Mary et lui-même.

Cloth of gold do not despise
Though thou be matched with cloth of frieze Cloth of frieze be not too bold
Though thou be matched with cloth of gold

Habit d'or ne sois pas dédaigneux
Bien que tu sois marié à habit de ratine
Habit de ratine ne sois pas trop présomptueux Bien que tu sois marié à habit d'or

 

L’autre, de la collection du duc de Bedford, est exposé à Woburn Abbey dans le Bedfordshire 6. Il ne possède aucune inscription ni autre ajout. Pour Roland Hui, s’il est naturel de supposer que le double portrait a été commandé peu de temps après le mariage en 1515 (dans ce cas, le nom de Jean Perréal s’impose), il semble par l’observation de ses vêtements avoir été peint beaucoup plus tard ― environ vingt ans, probablement après la mort de Mary en 1533 ― comme une célébration du mariage et un mémorial en son honneur, certainement un regroupement de deux portraits séparés de Mary et Charles, aujourd’hui perdus. Martin Spies suggère que le portrait peut vouloir légitimer pleinement l’union de Charles avec Mary en raison de son histoire conjugale passé compliquée et réaffirmer la place des Brandon dans la succession Tudor. Une étude dendrochronologique permettrait d’en fixer les dates.

 

— Le portrait de François Ier

D'après un tableau disparu de Jean Clouet selon Nicole Garnier-Pelle et Alexandra Zvereva.

Ce portrait est à rapprocher du dessin attribué à Jean Perréal du musée de l'Ermitage, Saint-Petersbourg.

 

 

http://www.tapisseries-damelicorne-huntunicorn.com/IMAGES/jp3.jpg

peinture à l'huile sur bois ; 35 x 25 cm
Chantilly, musée Condé

 

« Depuis Jean Perréal, peintre de Charles VIII et de Louis XII, jusqu'à Nicolas Leblond et Charles Decourt, au service de Henri IV, en passant par Jean et François Clouet, Jean Decourt ou les frères Dumonstier, tous commençaient leur œuvre par un dessin à la pierre noire et à la sanguine, utilisé ensuite autant de fois que nécessaire pour les peintures, les miniatures, les crayons ou les gravures. »

Alexandra Zvereva, "Tout beau, tout esclatant, tout brave, tout superbe " : le vêtement dans les portraits", Revue de l'Art, n° 174/2011-4, p. 33-42.

Alexandra Zvereva lui attribue encore trois portraits [« Louise de Savoie et les recueils de portraits au crayon », in Louise de Savoie, (1476-1531), Presses universitaires François-Rabelais et Presses Universitaires de Rennes, 2015, p. 183-204] :

 

— Anne de France : original de Jean Perréal perdu, v. 1515-1520 : F° 31, Madame de borbon dans recueil d’Aix et 52 (3936 F) dans recueil Médicis.

— Mary Tudor : original de Jean Perréal perdu, 1515 : 

F° 25 La Royne Marie / pleus fole que Reyne dans recueil d’Aix et 27 (3911 F) dans recueil Médicis.

— Marguerite d’Autriche : original de Jean Perréal ?, v. 1511 ? : 2 (3886 F) dans recueil Médicis.

— un portrait de dame, Galerie des Uffizi, Florence (mentionné en 1846 dans l'inventaire du Palazzo Pitti ; à l'Uffizi depuis 1932)

http://www.tapisseries-damelicorne-huntunicorn.com/IMAGES/jp7.jpg

http://www.artcyclopedia.com/artists/perreal_jean.html

 

— un portrait d'Henry VII d'Angleterre

http://www.tapisseries-damelicorne-huntunicorn.com/IMAGES/perreal%209.jpg

v. 1500-1525 - Milwaukee Art Museum

http://collection.mam.org/details.php?id=4618

 

— les Armes d'Anne de Bretagne ?

http://www.tapisseries-damelicorne-huntunicorn.com/IMAGES/jp8.jpg

 

— Frontispice de Description des Pays par Gilles Le Bouvier, "Heraut Berry" - enluminé par Jean Perreal (?)
écu des rois de France - heaume de l'Ordre de Saint.Michel - couronne - cri de guerre de rois de France : " Montjoye Saint Denis "
BnF - folio D verso FR 5783 - Coll. des Manuscrits, Paris

http://www.tapisseries-damelicorne-huntunicorn.com/Images/claude%20sacre.jpg

 

— Cette illustration du sacre de Claude de France ? Le Sacre, couronnement, triumphe et entrée de la tres crestienne royne et duchesse ma souveraine dame et maitresse madame Claude de France... et sa reception faicte a Paris.
extrait du livre d'Etienne Jollet, Jean et François Clouet, Lagune, 1997.

 

En demandant " Jean Perréal " sur un moteur de recherche,
vous trouverez dans " images " des œuvres que certains critiques ou musées lui octroient.

 

" L'ensemble de ces procédés [dans le tableau Charlotte de France, v. 1524 - collection Epstein - Chicago)] qu'on peut qualifier d'archaïques mais qui n'en sont pas moins cohérents est présent dans un tableau dont l'attribution est problématique, le Banquier du musée de Saint-Louis.

 

http://www.tapisseries-damelicorne-huntunicorn.com/IMAGES/banquier.jpg

Le Banquier, v. 1522
Saint Louis Museum of Art

C'est C. Sterling qui l'a attribué à Jean Clouet, en le rapprochant notamment d'un dessin conservé à Chantilly.

On doit souligner le fait que le type prognathe du visage inciterait à le rapprocher des portraits de Perréal.

Cependant on trouve ici ce regard rêveur, propre aux œuvres de Jean Clouet à cette époque, qui semble s'éloigner des réalités éminemment matérielles que constituent les écus d'or français reposant sur la tablette. D'autres caractéristiques invitent au rapprochement, comme le traitement des mains ou celui des plis, assez maladroits, soulignés par des sortes d' " éclairs mous " qui parcourent la matière.

Quant à l'identité du modèle, l'inscription : "l'an 1522. Fait à 35 " n'aide guère à la faire découvrir. Le monogramme placé sur le bouton du col a été lu par C. Sterling " MTRAVES " : ce serait Martin Travers, trésorier de Tours, qui entre autres paie les artistes à Tours en 1516 pour l'entrée de François Ier.

Le problème est que ses armoiries ne sont pas celles qui figurent sur le chaton de la bague passée à l'index gauche, jusqu'ici non identifiées. Le statut du personnage n'est pas parfaitement clair. Les portraits de marchands sont rares en France à l'époque. Les pièces de monnaie peuvent dans certains contextes prendre une valeur symbolique pour évoquer la paix et la prospérité.

On notera enfin un curieux détail concernant la tablette : à gauche c'est une table ou du moins un plan, à droite cela ressemble d'autant plus à un parapet vu de face que le bras paraît reposer dessus et qu'on voit une sorte de faille, qui rappelle beaucoup les interstices entre moëllons visibles dans nombre de portraits à tablette de l'école du Nord.

S'ensuit un effet de torsion surprenant, qu'on voudrait rapprocher d'un effet de métamorphose repéré dans une œuvre attribuée parfois à Jean Clouet, le soi-disant Guillaume Gouffier du musée de Saint-Louis.

http://www.tapisseries-damelicorne-huntunicorn.com/IMAGES/gouffier.jpghttp://www.tapisseries-damelicorne-huntunicorn.com/IMAGES/gouffier%202.jpg

anonyme (école française) - Guillaume Gouffier
v.1520-1525 - Art Museum - Saint-Louis

C'est celle qui affecte l'objet tenu dans la main droite du personnage. Au-dessous de la main, il s'agit manifestement d'un bâton, puisqu'on voit un " nœud " au-dessus, on retrouve le traditionnel rouleau repris à la statuaire romaine. " (p. 175-176)

 

— La tapisserie La reine Sémiramis et deux servantes au Honolulu Museum of Art de Jean Perréal ?

https://eo.wikipedia.org/wiki/Dosiero:QueenSemiramis2.jpg

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:QueenSemiramis2.jpg

http://honolulumuseum.org/art/exhibitions/15320-identify_yourself/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Perr%C3%A9al

 

René de Maulde de la Clavière lui attribue la série des sept portraits à l'antique des amis d'enfance de François Ier, du livre de la Guerre gallique (traduction libre des Commentaires de César) exécuté pour François 1er en 3 volumes (le tome 1 se trouve au British Museum ; le tome 2, à la BNF ; le tome 3, à Chantilly) : Artus Gouffier, Anne de Montmorency, Jacques de Chabannes, Just de Tournon, Guillaume Gouffier, Odet de Foix, Guillaume de la Marck. M. Bouchot donne ces portraits à Jean Clouet.

 

— deux peintures sur bois : la Messe de Saint-Grégoire et le Mariage de Charles VIII.

Le Mariage mystique de Sainte-Catherine, La Vierge et ses donateurs,portrait d'un seigneur âgé, illustration d'un poème de Jean Marot sur la campagne de Louis XII en Italie, la soumission de la ville de Gênes (que Pierre Francastel lui accorde)

Et il reste des œuvres qui n'ont pas encore trouvé de façon unanime leur auteur. Qui du Maître de la Chasse à la Licorne, du Maître de la Dame à la Licorne, du Maître de Moulins, du Maître de Saint-Gilles, du Maître aux pieds-bots, de Jean Bourdichon, d'Henry de Vulcop, de Jean Hay, de Jean Perréal, de Jean Clouet, les œuvres suivantes ?

— bois gravé (Histoire de Clovis, Urie, Charles VIII, nativité)

— les gravures du Missel de Verdun (1481), des Heures de Vostre (1496-1498), des Heures de Séguier, des Heures de Le Camus

— la xylographie de La Grande Passion

 — les vitraux et la rose de la Sainte-Chapelle à Paris

— les patrons des vitraux des églises Saint-Séverin, Saint-Germain l'Auxerrois, Saint-Gervais, de la chapelle de l'Hôtel de Cluny

— la double fresque de l'église Saint-Séverin à Paris 

— certaines tapisseries du cycle La Guerre de Troie (Londres, V. A. M. ; Zamora, cathédrale ; Metropolitan Museum ; Montréal, musée des Beaux-Arts ; diverses coll. part. ; nouveau Tribunal de commerce de Montereau-Fault-Yonne en Seine-et-Marne)

— Georges Bordonove (Louis XII, Pygmalion, 2010) lui octroie :
- un portrait d'Anne de Bretagne le jour de sa mort
- le tableau du sacre de Louis XII installé au Musée de Cluny

Petrus Agricola donne quatre reproductions sur son site :

http://www.flickr.com/photos/28433765@N07/3154531696/

Epistres Envoyées au Roi - Anne de Bretagne - Louis XII - St. Petersburg - National Library of Russia - Fr.F.V.XIV.8 - illuminated manuscript - Jean Perréal - Jean Bourdichon

 

Bernard Quilliet, dans son Louis XII, (Fayard, 1986) signale en annexe l'existence d'un grand tableau provenant du Parlement de Paris et représentant Louis XII en majesté, qui pourrait être une œuvre de Jean Perréal. Ce tableau n'existe plus, certainement brûlé dans les incendies pendant les événements de La Commune de Paris en 1871. Deux dessins conservés au Musée du Louvre reproduisent ce portrait. Alexandre Lenoir les a réunis dans son Recueil de gravures pour servir à l'histoire des arts en France (Paris, 1811, in-folio).

« Il faut également mentionner l'attribution au peintre de miniatures [Jean Clouet] dont certains dessins de Chantilly sont des préparations (Charles de Cossé, comte de Brissac, Metropolitan Museum), portraits, dans des médaillons circulaires, des Preux, héros de la bataille de Marignan (Commentaires de la guerre gallique, Paris, B. N.), qui ont été aussi attribués à Perréal. »

Dans http://www.larousse.fr/encyclopedie/peinture/Clouet/151626  

 

— La représentation de la Madone à travers les âges, par Joseph H.-M. Clément,... - Bloud (Paris) - 1909, p.51. 

— De tout, J.-K. Huysmans - P.-V. Stock (Paris) - 1902, p.141 et p.149.

Certains vitraux de l’église Saint-Pierre de Moulins. « Les vitraux de cette église datant de l’époque de Perréal ont presque tous disparus. Certains ont été réemployés dans une verrière et forment un ensemble très hétérogène. Parmi cet ensemble, on trouve le portrait d’un homme âgé de vingt à trente ans, que l’auteur [J.T. Bruel] attribue à Perréal. » (Tania Lévy)

— Marie-Elisabeth et Jean-Thomas Bruel, « Deux témoignages de l'art de Jean Perréal en Bourbonnais : la piéta d'Autry-Issards et le portrait Petitdé de la collégiale de Moulins », Bulletin trimestriel de la Société d'émulation du Bourbonnais, 1998/99, 137-151, 225-231 (ill.)

http://www.paperblog.fr/dossier/france/autry-issards/

(le nom de Jean Hay est cité pour avoir donné les cartons de ce vitrail moulinois dit de la famille Petitdé)

http://www.culture.gouv.fr/documentation/memoire/HTML/IVR83/IM03000326/INDEX.HTM

 

http://www.tapisseries-damelicorne-huntunicorn.com/IMAGES/petitde.jpg

 

 

Pas facile quand rien n'est daté ni signé, quand ne subsiste ni bon de commande, ni facture, ni correspondance quelconque ! Ne reste des critiques et historiens de l'art que les suppositions, les reniements quelques années plus tard.

Soit en définitive, une vingtaine d'originaux (miniatures, tableaux, dessins), quatre copies et peut-être un vitrail sur un patron qu'il a pu fournir.

C'est bien peu, il faut l'avouer, pour un peintre unanimement admiré par ses contemporains !

 

 

Jean Perréal, peintre de génie

  http://www.tapisseries-damelicorne-huntunicorn.com/Images/frise%20rouge%204.5.jpg

 

 

Pour s’en convaincre, ces extraits du gigantesque site Quatuor :

 

« Le propos n'est toutefois pas ici de classer les œuvres derrière une étiquette, mais de montrer que d'autres voies intéressantes ont été explorées au 15e siècle que la voie suivie par la Renaissance italienne.

Pour la représentation plane de l'espace, l'invention de la perspective dite "scientifique" à l'époque de la Renaissance est fréquemment présentée comme un "progrès" dans l'art, et qui plus est, un progrès dont il aurait été impossible de se passer.

Dans ce texte on s'efforcera de montrer que le mode de représentation de l'espace utilisé dans cette série de tapisseries prend admirablement le contre-pied de cette attitude, et qu'au lieu de soumettre l'œuvre d'art au dictat de la vision en perspective, elle joue avec elle pour parvenir à ses fins qui est de "faire du relié / détaché". […]

Pour la Renaissance italienne aussi la perspective est un moyen privilégié de faire du relié/détaché : toutes les parties de l'espace sont ainsi reliées efficacement à un ou à plusieurs points de fuite, et dans ce dessin de l'espace qui relie le paysage et les figures, se détachent les personnages ou les éléments que l'artiste veut souligner.

Il existe plusieurs façons de "détacher" des personnages sur un fond de vision perspective. On peut citer par exemple la méthode fréquente de Fra Angelico, qui consiste à traiter le personnage de façon assez silhouettée et revêtu d'une couleur acidulée très lumineuse qui tranche sur le fond du paysage resté plus terne.

Il existe aussi la méthode fréquemment utilisée par Léonard de Vinci, notamment dans La Joconde, qui consiste à disposer un personnage en très gros plan se détachant sur le fond d'un paysage lointain qu'il cache partiellement.

Trop souvent la perspective dite "scientifique" élaborée depuis la Renaissance est considérée comme un progrès dans l'art, un progrès lié à la qualité du réalisme qu'elle permet. Pourtant, représenter de façon convaincante la réalité n'a rien à voir avec la qualité ou avec l'intérêt artistique, mais concerne seulement le savoir-faire, l'efficacité de l'illusionnisme. L'artiste qui est à l'origine de la Dame à la Licorne n'ignorait pas les effets réels de la perspective, mais au lieu de s'y soumettre, il joue avec, il les utilise pour donner le maximum de force à l'effet plastique qu'il met en œuvre.

L'artiste ici ne cherche pas à représenter les choses telles qu'on peut les voir dans la réalité, ce qui n'est qu'affaire d'habileté, mais il utilise la représentation des choses et des êtres comme prétexte pour matérialiser et pour visualiser les relations qu'il ressent exister entre les choses, les gens, les animaux et les plantes.

Que l'artiste ait réussi à faire ressentir plastiquement ces relations sans se soumettre à l'illusion de la perspective, montre qu'il existait pour l'art occidental à partir de la Renaissance une autre "filière" possible que la filière de l'illusion d'optique majoritairement suivie depuis.

Les impressionnistes du 19e siècle, puis après eux les fauves, les cubistes, les abstraits, etc…, ont fait voler en éclat la fausse assimilation entre la qualité de la représentation naturaliste et l'intérêt plastique de l'œuvre. Depuis cette époque cependant, un profond divorce persiste entre le "grand public" et l'art moderne, et peut-être faut-il remonter précisément au 15e siècle pour trouver la racine de ce divorce.

Génération après génération, depuis la Renaissance l'œil a été exercé à d'abord considérer que l'art consistait d'abord dans l'illusion efficace de la réalité, fut-elle une réalité idéale ou idéalisée, et plus dur fut le choc quand ce type d'illusion devint un carcan trop contraignant pour que les artistes puissent continuer à s'en accommoder.

Si la filière que représente la Dame à la Licorne avait était suivie plutôt que la filière de la représentation en perspective, peut-être alors, génération après génération, l'œil aurait été exercé à lire d'abord les relations entre les formes proposées par l'œuvre plutôt que sa qualité d'illusionnisme, et peut-être alors la transition avec ce qu'aujourd'hui nous appelons l'art moderne, se serait faite de façon plus graduelle, sans impliquer de rupture et de divorce entre les artistes et le dit "grand public". » 

La suite, une analyse de la tapisserie L’Odorat, à la page :

http://www.quatuor.org/art_gothique_15eme_02.htm